Parité en Tunisie : Avancée et défis !
Chaque année le 8 mars marque la journée internationale de la femme ,dans ce cadre , le CREDIF (Centre de Recherche , d’Etudes et de Documentation sur la Femme)en partenariat avec HCDH(Haut Commissariat des Droits de l’Homme ) et ONU FEMME a organisé un séminaire au sujet des inégalités et discriminations à l’encontre des femmes et des filles dans la législation tunisienne , en présence de Mme Samira Merai Friaa ,ministre de la femme , de la famille et de l’enfance , Mme Dalenda Larguech directrice générale du CREDIF , Mme Héla Skhiri, représentante de ONU Femmes en Tunisie , Mr.Lamourdia Thiombiano,coordonnateur résident du système des Nations Unis en Tunisie , Mme Seynabou Dia, Point Focal Genre & Droits des femmes et un parterre de journalistes , universitaires , un grand nombre d’activistes de la société civile et certaines figures emblématiques .
Souhaitant marquer à sa manière
cette journée, le CREDIF et ses partenaires ont proposé une étude touchant à remettre
la femme à sa place, considérée comme un sujet de droit.
Le topic « Inégalité et
discrimination à l’encontre des femmes et des filles dans la législation
tunisienne » a été présenté par Mme Monia Ben Jemia, livret
qui sonne comme un message fort adressé et à la société et aux instances de
prise de décision. A savoir dans le gouvernement et toutes les institutions publiques.
Rappelons haut et fort, que la journée internationale de la femme se fonde sur des avancées législatives qui ont fait progresser les droits de la femme dans plusieurs pays et qui sont peu appliquées présentement.
Cette réflexion vise donc à
rétablir l’égalité en fait et en droit entre homme et femme dans les droits politiques,
civiles et familiaux et la lutte contre les violences subies par les femmes et
bien évidemment la parité des droits civils, économiques, sociaux et culturels.
La femme est-elle habilitée de répondre aux
aspirations des peuples ? De rétablir la stabilité et à juguler les crises
politiques ?
C’est la question la plus basique
mais paradoxalement à laquelle la femme tunisienne semblait le moins préparée.
Il faut souligner que les tunisiennes bénéficient du droit de
vote et d’éligibilité depuis 1957 et ce droit a été renforcé dans la
constitution dans ses articles 34, 53 et 54, pareillement dans les conventions
internationales et dans la CEDAW (convention sur l’élimination de toutes les
formes de discrimination à l’égard des femmes).
Néanmoins, on a vite tourné le dos à l’un des maillons forts
de la transition démocratique en Tunisie et ce, par le constat de
l’insuffisance de sa participation dans la politique malgré les progrès fait
depuis 1959.
Après la révolution, et sous la pression de la société civile,
spécialement les associations féministes : 67 femmes ont siégé au sein de
l’assemblée nationale constituante soit sur 217 sièges, ce qui fait une
présence féminine de 30%.
Quoique l’article 46 garantisse l’égalité de chances dans diverses
responsabilités, la présence de la femme reste marginale dans le gouvernement
et les partis politiques.
Il est à rappeler, que le gouvernement des technocrates dirigé
par Mehdi Jomaa, comprend 2 femmes ministres seulement et une
secrétaire d’Etat, pareillement, dans le premier gouvernement ESSID, les femmes
étaient au nombre de 3 ministres et 5
secrétaires d’Etat, pour finir avec le
gouvernement ESSID 2016 au sein duquel
la fonction secrétaire d’Etat n’y est plus, il ne reste que 3 ministres femmes.
Mais bien des choses à revoir !
Il s’agit de revenir sur certains points entre autres : l’adoption
du projet de la loi de réforme de la loi organique n°2014-16 du 26 Mai 2014
relative aux élections et referendums dans son article 49 relatif aux élections
municipales et régionales qui met en avant la parité verticale avec alternance
et la parité horizontale dans les têtes des listes.
De nombreuses discriminations à l’égard des femmes
malgré la consécration de l’égalité dans la jouissance et l’exercice effectif
des droits civils et familiaux :
Bien que la constitution dans son
article 25 et les conventions internationales ratifiés visent la question de la
nationalité, certaines inégalités se présentent tant en terme de
nationalité :
Inégalité entre les hommes et les femmes dans l’accès à la
nationalité tunisienne et aux séjours en Tunisie entre les époux et les épouses
étrangères de tunisiens et de tunisiennes, qu’aux inégalités et discriminations
dans le mariage et la famille en évoquant l’égalité dans le mariage :
-
Interdiction du mariage d’une tunisienne musulmane
à un non-musulman
-
L’âge du mariage et les mariages précoces
-
Le maintien de la dot
-
Le mari, seul chef de famille
-
Tutelle du père sur les enfants mineurs
-
Obligation alimentaire et inégalité dans
l’héritage
Pareillement, la mise en lumière au sujet des mères vulnérables : les mères célibataires
En filigrane de cette étude,
certaines réformes du code de la nationalité et du code du statut personnel (CSP)
seront mises en place notamment :
-
La suppression de la qualité de chef de famille de
l’époux (article 23 du CSP)
-
L’établissement d’une autorité parentale à l’égard
des enfants en lieu et place de la tutelle du père (article 154 du CSP)
-
L’abrogation de l’article 13 du CSP étant un
permis de viol conjugal
-
Assurance de l’égalité dans l’héritage des veufs et
des veuves (articles 101 et 107 du CSP), des descendants des deux sexes
(article 107 du CSP).
28.9% en 2010 est le pourcentage
des femmes ayant subi une violence psychologique d’après l’office nationale de
la famille et de la population :
A cet effet,
on peut souligner une nouvelle ardeur, un nouvel élan et un
bouquet d’initiatives à visent à combattre l’inégalité et les discriminations.
Car l’exercice effectif du droit
à la sureté est crucial aux vues de la persistance de la violence à
l’égard des femmes et des filles.
Cela se traduisait par la lutte contre
l’impunité au moyen d’une réforme du code pénal et du code de la procédure
pénale en vue de prendre certaines mesures positives telles que :
-
Finir avec la distinction entre le viol et les
attentats à la pudeur
-
Harmoniser l’âge de la majorité sexuelle et celui
du consentement possible à une activité sexuelle pour les filles et les garçons
et le fixer à 18 ans
-
Abroger l’article 227 du code pénal
-
Mettre fin à la possibilité de retrait de sa
plainte par le conjoint
-Sans se passer de l’urgence
d’adopter une loi tridimensionnelle intégrant à la fois le soutien des victimes,
la prévention et les enquêtes.
Tunisiennes, prospères, à souhait
et surtout capables de très belles choses !
Une
consécration bien méritée dans l’égalité de jouissance et l’exercice effectif
des droits économiques et sociaux.
Tunisienne, ayant de la bonne
vision du jeu pour se développer dans ses potentialités, encore que la
législation s’avère insuffisamment protectrice de cette parité.
En alternant le bon et le moins bon,
nous avons un premier pas vers cette parité par l’adoption de certaines mesures
dont :
-
La ratification de la convention de l’OIT n°156
sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales de 1981.
-
La ratification de la convention de l’OIT n°183
sur la protection de la maternité de 2000.
-
Réforme de la loi sur la sécurité sociale afin que
chacun des membres des familles puisse jouir d’un carnet individuel.
-
Améliorer l’accès des femmes aux services de SSR (santé
sexuelle et reproductive)
-
Prioriser l’éducation sexuelle dans les
établissements d’enseignement
Un
souhait pour terminer
Il
est temps de dépasser les tergiversations inutiles pour passer à la
concrétisation efficace afin de sévir contre ces inégalités et discriminations qui
perdurent à l’encontre des femmes.
Femmes
qui ont prouvé plus que besoin, leur témérité et performance.
« inégalités et
discriminations à l’encontre des femmes et des filles dans la législation
tunisienne est disponible ici (en FR) : http://bit.ly/21VLTOI »
Article publié le 1 avril 2016 -United Fashion For Peace
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