Tunisie :
Focus sur la compagne « 16 jours de
lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles »
Du 25 novembre,
journée internationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes au 10
décembre, la journée internationale des droits de l’homme, la société civile
tunisienne à donné le coup d’envoi au lancement de la compagne « 16 jours d’activisme contre la
violence fondée sur le sexe »
Les violences faites
aux femmes peuvent être exercées dans tous les domaines de vie : travail,
couple, famille, rue, transport public.
Elles
prennent la forme de violences physiques, psychologiques, économiques,
administratives, verbales, et peuvent être exercées ponctuellement ou sur des
périodes très longues.
La loi organique
pour l’éradication de la violence à l’égard des femmes adoptée le 11 aout 2018
et entrée en vigueur en février 2018 criminalise toutes les formes de violence
physique psychologiques économique morales et politique et prévoit des mesures
de protection et de prise en charge des victimes de telles violence, ainsi accorde
aux medias et à l’éducation un rôle dans
le champ de la prévention.
La Tunisie pionnière
du monde arabe en matière de promotion
du statut des femmes, dispose d’un arsenal juridique de protection
des femmes et la constitution du 24 janvier 2014 reconnait expressément
dans son article 21 la non
discrimination entre les citoyens et les citoyennes en fait et en droit.
Au demeurant, la Tunisie
est le premier pays de la région à avoir ratifié et levé toutes les réserves
spécifiques posées à la Convention des Nations Unies sur l’Elimination de
toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDAW) le 28 avril 2014 et l’un des
deux seuls pays de la région à avoir adopté son Protocole facultatif.
En revanche, les
violences, les discriminations, les exclusions basées sur le genre se poursuivent et s’intensifient en dépit de
l’entrée en vigueur de la législation relative à l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles
en février 2018.
Quelques
indicateurs phares de l’année 2018 :
40 000 femmes
et enfants ont été battus.
40 000 affaires
de violence contre les femmes et les filles ont été recensées en une seule
année d’après Mme Labidi Naziha ministre
de la femme, de la famille et des enfants
6 500 appels reçus
sur les numéros verts par des
femmes violentées d’après le Centre de
recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (CREDIF).
Les
délégations régionales à la femme et à la famille ont pris en charge 1600 femmes victimes de violence dans tous les gouvernorats, équivalmlent à
une moyenne de 6 cas par jour dont 62% victimes de violence matérielle et 5 %
de violence sexuelle.
Encore, des chiffres alarmants ont été
annoncés en 2016 à l’issue d’une étude
réalisée par le CREDIF « La violence exercée à l'encontre des femmes dans
les espaces publics »
Cette étude, qui a concerné
près de 4000 femmes, a démontré que :
53.5% des femmes interrogées
ont répondu qu’elles ont déjà été victimes de violence dans les espaces
publics.
78.1% ont été agressées
verbalement, 41.2% ont subi des violences physiques et 75.4% des violences
sexuelles dans des espaces publics.
Aperçu sur les activités réalisées durant les
16 jours d’activisme pour l’éradication des violences faites aux femmes :
Le Centre de Recherches, des Etudes,
de Documentation et d’Information sur la Femme (CREDIF)
Dans le cadre des 16 jours d’activismes pour
mettre fin aux violences faites aux femmes, le Centre de Recherches, des
Etudes, de Documentation et d’Information sur la Femme (CREDIF), a organisé en partenariat avec la Fondation Friedrich
Ebert Stiftung deux sessions de formation parallèles sur le thème :« Prise en
charge des femmes victimes de violences »du 26 au 29 novembre 2019 à Hammamet
Ces sessions de formation ont ciblé les agents des unités spécialisées dans les
crimes contre la femme opérant au Grand Tunis (Tunis, Manouba, Ben Arous et
Ariana), sachant que le CREDIF a couvert par cette formation l’ensemble de
territoire tunisien excepté le Grand Tunis.
Le programme des deux sessions s’est articulé
autour des thématiques suivantes :
- La prise en charge des femmes victimes de
violences dans la loi organique 58/2017
- La violence à l’égard des femmes et la prise
en charge des victimes.
- Les procédures de la prise en charge des
femmes victimes de violences dans la loi organique.
- Le rôle du médecin dans la documentation
médico-légale des violences basées sur le genre.
L'Association des Femmes Tunisiennes
pour la Recherche sur le Développement (AFTURD)
En partenariat et en coordination avec un certain nombre de sociétés locales du Kef,
Siliana, Jendouba telles que : « Harir Al
Kef », « Women of Tabarka », « Citizens », « Women’s
Tracks » , « Tunisian Association For Reproductive
Health », l’AFTURD a pris part de
la compagne « 16 jours pour l’éradication de la violences sexiste »,pour
organiser un ensemble d’activités de
sensibilisation sur terrain au Kef
,Siliana, Jendouba et Grand Tunis.
Les activités ont été conçues pour dévoiler les contours de
la loi fondamentale n°58-2017 relative à la lutte contre la violence faites aux
femmes et aux filles sous toutes ses formes.
L’Association tunisienne des femmes démocrates
(ATFD) :
Au centre ville de Tunis, le 30 novembre 2019, l’ATFD a organisé une manifestation contre les
violences faites aux femmes et aux filles.
Des centaines de tunisiens, de nombreuses associations et organisations de la société civiles ont
participé à cette marche de protestation.
Au cœur de cette marche, des slogans et pancartes ont été
brandis contre les violences à
l’encontre des femmes afin d’alerter sur l’ampleur et les nombreuses formes que
prennent à ce jour au su et au vu du
gouvernement tunisien.
Réseau Tunisien des Jeunes Féministes (RTJF) :
En marge de la journée internationale de lutte contre la
violence faites aux femmes, le RTJF, en collaboration avec l’organisation
Irtikaa et les Fonds pour les Femmes en Méditerranée, nous a présenté sa deuxième vidéo sur les droits sexuels et
reproductifs en Tunisie.
Mariée ou pas, l’avortement est gratuit et
constitue un droit pour chaque femme :
Dans cette vidéo, toutes les femmes se définissent et
s’identifient dans leurs droits reconnus et garantis par la loi et se protègent
ainsi contre les violences sexuelles qui
pourraient être perpétrées à leur égard.
L’IVG est légal, gratuite et accessible à toutes par la loi
tunisienne !
https://www.facebook.com/ReseauTunisienDesJeunesFeministes/videos/501060254031439/
Maison du Droit et des Migrations :
Le 09 décembre 2019, une rencontre débat qui a réunie
l'ATL MST sida section Tunis, la Maison du Droit est
des Migrations et le mouvement #EnaZeda * a eu lieu autour des violences faites aux femmes, plus
particulièrement les femmes migrantes.
Cette rencontre est destinée à
sensibiliser les acteurs publics, les
associations féministes et l’opinion publique à une approche plus
inclusive des migrantes dans la lutte contre la violence vis-à-vis
des femmes et surtout les inciter à joindre le mouvement #EnaZeda en vue de faire
entendre leur voix et revendiquer leurs droits.
* #EnaZeda :
(moi aussi) tel est le slogan d’une campagne lancée sur les réseaux sociaux
(Facebook et Twitter) par des tunisiennes pour dénoncer le harcèlement sexuel à
travers des témoignages livrés dans des statuts et des Tweet.
#Ena Zeda a été lancé en réaction à une affaire de
harcèlement sexuel et d’atteinte à la pudeur, qui fait actuellement l’objet
d’une information judiciaire, afin de permettre aux femmes de briser le tabou
du silence et de décrire des moments douloureux qui ont marqué leurs vies.
Une manifestation pour les jeunes femmes
tunisiennes dans la cour de la Kasbah, intitulée #Falgatna* :
#Falgatna
a rassemblé un certain nombre d’associations et d’organisations
féministes tunisiennes, inspiré par l’hymne féministe chilien ‘‘Un violador en tu camino‘’,
Falgatna accaparera la Kasbah-Tunis (Place de la Municipalité) le 14 décembre
2019 pour réclamer le droit des
femmes à la dignité, à la sécurité et à
la justice, dénoncer l’impunité des agresseurs et l'absence d'une réelle
politique pour le changement.
https://www.facebook.com/khedija.lemkecher/videos/10220565496672597/
#Falgatna
: «
Collectif féministe-inter sectionnel , citoyen et indépendant pour lutter
contre le patriarcat, les discriminations et les violences faites aux personnes
assignées à la naissance et/ou s'identifiant en tant que femmes »
Conclusion :
Malgré les avancées juridiques relatives à la
nouvelle loi de lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles,
très lentement les législations s’appliquent.
Les violences exercées contre les femmes sont parmi
les violations des droits de l’homme les plus répandues et les moins reconnues
en Tunisie.
Tel que le démontre les chiffres recensés ci-dessus,
la violence faite aux femmes est une réalité quotidienne, et la combattre
demande le changement des normes sociales qui tolèrent les VFF et cela passe
par la sensibilisation accrue de l’opinion publique et la volonté affirmée de
tous ,des individus aux institutions.
Commentaires
Enregistrer un commentaire