La
liberté du non-jeûneur n’altère en rien de ton jeûne !
En ce moment, comme à l’accoutumé, un grand débat est ouvert à propos de la liberté des non-jeûneurs durant le mois de Ramadan en Tunisie.
Toutefois, la liberté des non- jeûneurs est bafouée en
vertu de lois ou dispositions liberticides et des textes juridiques
anticonstitutionnels notamment la circulaire de 1983 relative à
l’ouverture des établissements durant le
mois de Ramadan.
La constitution
tunisienne garanti la liberté de croyance mais en même temps stipule que
l’État est le gardien de la
religion :
La
constitution du 27 janvier 2014 a clairement consacré la liberté de conscience
et de croyance alors que les violations de ces droits fondamentaux continuent à
ce jour que ce soit par les autorités publiques ou par les meneurs de
religieux.
A cet égard, le 11 avril 2019,le collectif civil pour les
libertés individuelles* a présenté le rapport « État des libertés
individuelles 2018 : Bas les masques ! » qui a mis la lumière
sur les cas représentatifs des atteintes
aux libertés des non- jeûneurs en 2018 en Tunisie :
« Les services de Police sont le corps qui exerce le
plus d’intimidations envers les personnes de confession autre que l’Islam
Sunnite Malikite. Par ailleurs, le mois de Ramadan est le mois où la liberté de
conscience est violée le plus :
• Le 10 mai 2018, une correspondance de la part de
l’ex-ministre de l’intérieur en réponse à la question écrite posée par la
députée Hager Ben Cheikh Ahmed datant de novembre 2017 a été rendue publique.
Selon l’ex-ministre de l’intérieur, « dans la mesure où le jeûne est un pilier
de l’islam et revêt une importance cruciale chez la majorité des citoyens
tunisiens, l’ouverture ostentatoire des cafés et restaurants peut être perçue
comme une provocation et induire à des réactions violentes menaçant l’ordre
public ; Cela peut aussi donner un prétexte à des groupes extrémistes pour
mener des campagnes d’incitation contre l’État, voire des actions violentes.
Pour ces raisons et comme le veut la coutume depuis des années, le ministère de
l’Intérieur prend à l’occasion du mois de Ramadan des mesures assurant l’ordre
public et le respect des sentiments religieux des citoyens pratiquants…».
• Le 30 mai 2018, 3 cafés à Sousse ont été contraints de
fermer leurs portes dans la journée durant le mois de ramadan dans le cadre d’une
vaste campagne menée par les forces de l’ordre dans la région. »
Par ailleurs, le 25 mai 2018 les forces de l’ordre ont fait
une descente dans deux cafés servant les non-jeuneurs à la cite Ennasr et ont procédé
à l’arrestation de plusieurs clients.
En
définitive, il est essentiel d’agir résolument contre tout retour en arrière et
toute violation des droits de l’homme en Tunisie.
Il n’est pas question non plus de revenir en arrière en matière
des libertés individuelles, revenir en arrière pour se retrouver avec une circulaire
caduque et quelques dispositions obsolètes qui se heurtent à nos acquis constitutionnels et droits
fondamentaux.
Il est néanmoins regrettable que la circulaire de 1983
n’ait pas été abrogée à l’occasion de la nouvelle constitution !
Par Ghofrane Gmati - RLF
*Le Collectif Civil pour les Libertés
Individuelles (CCLI) :Il est crée le 19 janvier 2016 et réunit 40
associations de défense des droits humains et des libertés individuelles.
Sources :
Le rapport « État des libertés individuelles
2018 : Bas les masques ! » établi par le collectif civil pour
les libertés individuelles.
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